
A qui doit s’adresser la ville commerçante ?
L’entrée de Liège a bien changé en 15 ans. A notre dernière venue, la vieille gare nous accueillait dans le jus d’un quartier de briques, certes quelque peu noircies, mais qui ne laissaient pas de doutes – Liège est en Wallonie bien sûr.
Depuis 2009, c’est la majestueuse structure de Santiago Calatrava, dont on apprécie l’ouverture directe des voies sur la ville, qui fait office de porte d’entrée. Comme en arrivant à Bilbao (l’aéroport et son fameux envol), ou même dans la nouvelle gare du World Trade Center new yorkais…


Cette signature de renom n’a rien d’anodin, dans une ville au passé industriel qui cherche à trouver le juste équilibre entre l’attraction pour les fameuses « classes créatives » (considérée – à tort ou à raison – comme une planche de salut) et la fidélité à ses habitants qui font aujourd’hui sa réputation de « cité ardente ».
La ville a ainsi misé sur le street art avec l’initiative Paliss’art, depuis 2002. Aujourd’hui, certaines des fresques les plus Instagramées se retrouvent masquées par les nouvelles opérations immobilières face à la Meuse.

Un autre exemple saisissant de cette évolution est le projet « la Grand Poste », qui promet de réhabiliter un bâtiment historique en cochant toutes les cases :
X « food » (de la bouffe, pour les non anglophones) ;
X micro brasserie ;
X coworking ;
X incubateur de start ups …

… le tout face au marché dominical de la Batte, un des plus grands marchés populaires d’Europe. C’est un lieu très fréquenté par les Liégeois, à deux pas du centre-ville. On peut encore y trouver des animaux vivants.

Le centre-ville fait cohabiter des commerces très différents : concept stores et restaurant asiatique, galerie d’art et kebab, bazars et restaurants bio …
L’impression générale est que les commerces liégeois sont pour la plupart populaires, avec quelques poches très identifiées dans lesquelles la montée en gamme et la spécialisation de niche sont visibles. Mais la population aisée semble être en minorité parmi la clientèle du centre-ville.


Les commerces qui réunissent le plus aisément la population locale (du moins, celle avec un certain pouvoir d’achat) et les nouveaux arrivants et touristes sont les commerces de bouche traditionnels qui ont su se réinventer.
Pour exemple : « Une gaufrette, saperlipopette », échoppe devant laquelle la file d’attente ne désemplit pas – les locaux y étant bien représentés. Les pâtissiers proposent un plateau de chouquettes dans la file pour faire patienter (= bonne pratique, quand on parle de « services optimisés à la clientèle », ne pas aller chercher plus loin)



En tant que touriste, on retiendra ce qu’on est venu chercher : de l’authentique, mais bien emballé, des impressions furtives entre nouveaux lieux connectés et vieux quartiers liégeois auxquels les habitants sont attachés. Et si l’offre s’adresse à des strates très diverses de populations et de visiteurs, la question de la cohabitation reste entière.
L’attachement des Liégeois à leur cœur de ville et à son histoire peut constituer une ligne directrice : pour preuve, l’importance donnée aux anniversaires pour la piétonisation de certaines rues …

