Disquaire = commerce résilient, à forte charge affective
Le 21 avril prochain, le Disquaire Day sera une nouvelle fois l’occasion de rameuter les mélomanes de tous poils pour fêter le disque (vinyl, de préférence).
La profession de disquaire illustre à elle seule les doutes profonds qui se sont emparés du secteur commerçant depuis plus de 15 ans. Ce sont les disquaires qui, les premiers, ont pris de plein fouet l’avènement du numérique et des supports dématérialisés. Les années 2000 ont vu se succéder les fermetures, et se sont durement conclues par la faillite des Virgin Mégastores en 2013.
2018 : un groupe grandissant de disquaires, anciens et nouveaux venus, résiste pourtant à l’envahisseur. On aura à cœur de citer quelques maisons emblématiques, croisées au fil des pérégrinations musicales : à Paris, Fargo Vinyl Shop a remis le couvert fin 2017 après la fermeture de sa première boutique en 2014 ; à Toulouse, dans la même rue, Croc’Vinyl et Mes Mauvaises Fréquentations – on a déjà eu l’occasion d’en parler ici ; à Lille, Quelque Part Records est devenu un véritable repère de quartier ; à Niort, Music Play a ouvert sous la halle avec l’aide de la Ville ; à Saint-Malo Cin&Music, constitue une halte bienvenue dans la montée de la rue Clémenceau.
Qu’est-ce qui fait donc tenir ces lieux, dans un contexte qui n’est plus vraiment aux commerces culturels de quartier ? Le retour en force du vinyl et la fétichisation de l’objet est une première clef, qui a permis de « premiumiser » le positionnement des disquaires. Ils proposent désormais des objets auxquels l’attachement individuel est fort, alors qu’il y a quelques années les CDs se retrouvaient sur les gondoles des hypermarchés.
La passion des disquaires, et leur engagement indécrottable pour en faire un métier, est une autre évidence. On le sait : il y a peu de chance de s’enrichir dans le secteur … mais c’est une profession qui a un impact sur ses clients, à tel point que certains disquaires fermés depuis 15 ans ont encore leurs défenseurs.
Le magasin de disques fait enfin partie de la pop culture, c’est un lieu qui parle à chacun, où il fait bon être et passer du temps. Pour s’en convaincre, relire Haute Fidélité, de Nick Hornby, roman porté à l’écran par Stephen Frears.
En somme, le disquaire pourrait représenter l’alpha et l’omega du commerce physique en 2018 : un lieu à forte charge émotionnelle, dans lequel le client est connu et bénéficie de conseils personnalisés d’un commerçant passionné.
Le métier est dur, mais il est aimé … gageons que le cru 2018 du Disquaire Day en apportera une preuve supplémentaire !