Les lieux conviviaux, originaux et où l’on mange bien doivent-il être réservés aux métropoles ?
« En fait la felicità c’est comme un cool food market sauce italienne où on fait la teuf en mangeant des trucs bien bons » …
Bon, l’accroche de la felicità, concept de halle gourmande d’inspiration italienne porté par un opérateur parisien désormais bien connu (Big Mama) pourrait faire peur aux non-initiés. On l’admettra volontiers, on a tardé à lui rendre visite, quelque peu intimidé par la foule annoncée et lassé de la multiplication de concepts alimentaires trop étudiés. A l’occasion de l’accalmie estivale, le pas a été franchi : grand bien nous en a pris.
Adossée à Station F (l’incubateur de start-ups jumbo de Xavier Niel), la felicità peut jouer sur deux tableaux très complémentaires : la clientèle de jeunes actifs les midis, et l’ouverture à un public bien plus large les soirs et week-ends. Et c’est bien le grand public qui en fait le succès, grâce à une recette a priori simple, mais exécutée avec brio : de bons produits, à des prix raisonnables, dans un lieu duquel on n’a pas envie de partir.
Panetteria, pizzeria, gelateria, trattoria, bar à cocktails … autant de tentations pour le visiteur, qui en a réellement pour son argent. Les produits sont de qualité et leur mise en scène donne tout simplement envie d’y revenir.
La plupart des stands proposent des prix d’entrée plutôt doux (pizza margherita à 10 €, glace à 3,5 €, tiramisu à 5 € …). Si l’aménagement des lieux peut faire penser de prime abord que l’offre est réservée aux CSP +, le mix produits semble bien plus adapté à un plus grand nombre de chalands.
Enfin, tout est fait pour que le visiteur se sente bien et s’attarde, dans un décor où aucun détail n’est laissé au hasard (à ce sujet, la visite aux toilettes s’impose comme un incontournable …). La bibliothèque à l’étage, aménagée dans un espace généreux, qui ne propose pas d’autres produits que des livres en libre circulation, donne un bon exemple de cette volonté d’accueil. Il ne s’agit pas là d’être dupes – au final, l’objectif est bien de consommer – mais d’apprécier l’effort pour créer un lieu convivial et de détente, dans lequel rien ne presse.
C’est évident : seules Paris et quelques autres grandes métropoles françaises ont les moyens d’accueillir en leur sein de tels concepts (4.500 m² pour la felicità, tout de même …). Il semble néanmoins qu’une partie de ces ingrédients pourraient être récupérés à des échelles plus petites, afin de contribuer à l’attractivité d’un territoire.
La qualité des produits (allant de pair avec l’engouement pour les commerces de bouche, qui ne se dément pas depuis plusieurs années), l’élaboration de cartes aux prix étudiés, et l’aménagement d’un lieu qui invite à s’attarder seraient trois piliers en ce sens, au sein d’espaces plus raisonnables (à partir de 500 m² ?), peut-être dans des sites surprenants ?
Quelle sera la prochaine ville à franchir le pas ?