Une ville peut prendre en main le devenir de son commerce : la preuve par 3
En parcourant le centre-ville de Montrouge, il semble difficile à croire que la commune a perdu des habitants jusqu’à la fin des années 90. La dynamique urbaine de la première couronne parisienne a certes beaucoup contribué au renouveau démographique. Mais le volontarisme des élus pour doter Montrouge d’une offre commerciale conséquente est aussi pour beaucoup dans la nouvelle attractivité de la commune : la diversité et la qualité des commerces du centre-ville, au premier rang desquels les commerces de bouche, est devenu un des principaux arguments pour attirer de nouveaux ménages.
Depuis 20 ans, la politique de la ville en matière de commerce suit une direction résolue, en s’appuyant sur quelques principes simples, mais qui nécessitent un engagement constant.
Maîtrise des pieds d’immeubles : un Monopoly grandeur nature
Par l’intermédiaire de la Semarmont, son bras armé pour les actions foncières, la ville maîtrise progressivement des locaux de pieds d’immeubles dont l’emplacement est jugé stratégique. Chaque nouvelle opération immobilière en centre-ville est potentiellement concernée – ce qui n’est pas pour déplaire aux promoteurs, souvent peu enclins à se préoccuper de leurs rez-de-chaussée.
L’affectation des locaux ainsi maîtrisés est programmée avec soin, dans le souci d’apporter une nouvelle offre adaptée aux attentes des habitants, et complémentaire avec l’existant. Via cette politique foncière, la ville a les moyens d’accompagner les implantations de commerces durant leurs premières années d’activités, lorsque leur modèle économique le nécessite.
Un des résultats les plus marquants de cette politique est l’implantation d’une poissonnerie, adossée à un restaurant de poissons et fruits de mer, au cœur de l’avenue de la République qui constitue la dorsale commerciale du centre-ville. Force est de constater qu’à part sur les littoraux, il y a aujourd’hui très peu de villes de 50.000 habitants qui accueillent encore ce type d’activité.
Les grandes surfaces alimentaires sont les bienvenues … sous conditions
Les enseignes alimentaires sont bien présentes à Montrouge : les généralistes (Carrefour, Monoprix, Auchan, U, Intermarché …), comme les spécialisées (Bio C Bon, La Vie Claire, Picard …). Elles couvrent le centre-ville comme les différents quartiers.
Néanmoins, on ne trouve ici aucun supermarché de plus de 1.500 m² de surfaces de ventre. Uniquement des formats « urbains », qui représentent une concurrence limitée pour les commerces de bouche indépendants. Dans ces magasins, l’offre sur le frais reste limitée : pas de fromage à la coupe, ni de boucherie ou poissonnerie spécialisée.
On pourra regretter que cet état de fait encourage le maintien de prix élevés, au détriment des catégories de population plus modestes.
Néanmoins, cette maîtrise des formats de vente permet de renforcer progressivement le tissu d’artisans commerçants : bouchers, cavistes, fromagers, poissonnier … sont très présents. Le marché Victor Hugo, marché couvert du centre-ville, est également très bien doté, et constitue un repère important pour les habitants.
Une offre de proximité accessible pour tous, en moins de 10 minutes de marche
Enfin, le centre-ville ne constitue pas l’alpha et l’omega du commerce sur la commune.
Les différents quartiers sont pour la plupart dotés d’une offre de proximité efficace, qui remplit son rôle de desserte du quotidien. Les enseignes jouent le jeu : Picard dispose de trois implantations sur la commune (dont une sur le quartier Jean Jaurès à l’ouest), La Vie Claire et Auchan sont présents sur le quartier sud, Les Nouveaux Robinsons et même Big Fernand (qu’on a plus l’habitude de voir sur des sites n°1) sont implantés à l’est. Avec la croissance démographique observée depuis 20 ans, la présence d’actifs sur la plupart des quartiers constitue un autre argument pour attirer ces enseignes.
En résumé, on retiendra l’action volontariste pour maîtriser le devenir des pieds d’immeubles, le pragmatisme pour ouvrir la commune aux enseignes alimentaires dans un cadre bien définis, et le souci d’équilibrer l’offre sur le territoire, centre-ville et quartiers jouant des rôles complémentaires. Et si le contexte francilien a pu aider au développement de la commune, il ne saurait à lui seul expliquer les résultats obtenus (il n’y a qu’à observer la situation sur les communes proches pour s’en convaincre).